Parmi les transformations démographiques majeures de ces dernières décennies, figurent l’allongement de l’espérance de vie et la baisse de la fécondité. La conjugaison de ces deux phénomènes a profondément bouleversé la pyramide des âges de la population. D’une base traditionnellement large, celle-ci s’est pour la première fois rétrécie car le nombre des naissances diminuait tandis que la proportion de personnes âgées augmentait considérablement. Le changement de la structure par âges de la population a modifié la structure intergénérationnelle des familles qui est passée également d’une base large, composée de nombreux collatéraux, à une structure ‘rame de haricot’, composée d’un nombre élevé d’ascendants ou de descendants. Le nombre de générations coexistantes au sein d’une lignée a ainsi augmenté tandis que diminuait celui des collatéraux. Cette transformation de la structure de parenté pourrait modifier les relations de parenté dans le sens d’un renforcement des liens. La présence d’un ancêtre commun amène en effet les descendants à conserver les relations au sein de la parenté. Cette dernière pourrait ainsi trouver son rôle renforcé à l’égard de ses membres, et ce d’autant plus que le couple s’est fragilisé au cours des dernières décennies. Ainsi, l’augmentation du nombre de générations coexistantes sur une période de plus en plus longue entraînerait une importance croissante des liens intergénérationnels, et sans doute une redéfinition des liens familiaux. Dans ce contexte de vieillissement de la population et de renforcement des liens familiaux, se pose la question des formes de solidarités exercées par les adultes (la génération des 45-64 ans) à l’égard de leurs parents âgés. En étudiant les trois indicateurs classiques dans les études intergénérationnelles que sont la proximité résidentielle, la fréquence des contacts, et les aides et le soutien, on constate que les solidarités des 45-64 ans avec leurs parents âgés sont relativement denses. Les parents âgés vivent dans leur grande majorité de manière autonome sans toutefois être isolés de leurs enfants. Ils ont une résidence séparée de celle de leurs enfants mais ont des contacts d’autant plus fréquents avec eux qu’ils résident dans un périmètre restreint. Le souci d’autonomie, sans doute présent dans les deux générations, n’exclut pas les solidarités. La proximité résidentielle apparaît également déterminante dans les services rendus, et surtout lorsqu’il s’agit de services rendus régulièrement à la mère. Lorsque le parent devient plus âgé ou s’il est affecté d’un handicap, les liens se resserrent avec les pères et plus fortement encore avec les mères, la proportion d’individus ayant des contacts au moins hebdomadaires avec leurs parents progressant avec l’âge de ces derniers. Les services régulièrement rendus aux parents le sont dans une plus grande proportion lorsque le parent avance en âge. Ainsi, il semblerait que les enfants adaptent leur comportement aux besoins des parents. L’intensité des liens et la proportion élevée d’individus qui rendent service tendent à montrer que la famille élargie subsiste mais sous une forme que l’on pourrait qualifier de multi locale. La famille élargie semble cependant se restreindre à la lignée d’origine bien que, pour la plupart des individus, les membres des deux lignées résident à courte distance. Les solidarités apparaissent certes non négligeables avec les beaux-parents mais nettement moins importantes qu’avec les parents. Avec les parents âgés, la famille proche joue son rôle traditionnel de « pourvoyeuse de soins ». On peut se demander dans quelle mesure elle occupe une place active, voire déterminante, dans le maintien à domicile des personnes âgées ?