Pendant quelques décennies, les thèses sur la diminution du temps de travail et l’affaiblissement de la valeur travail ont été particulièrement nombreuses (Rifkin, 1996; Méda, 1995; Gorz, 1989; Rousselet, 1978; Dumazedier, 1972). Depuis le début des années 2000, ce sont toutefois les thèses relatives à l’intensification du travail (Gollac et Volkoff, 2007; Paugam, 2007; Lapointe, 2005) et au travail comme facteur de cohésion sociale (Castel, 2007) qui tiennent le haut du pavé. Il faut dire que, dans un contexte de vieillissement démographique et de remise en question des systèmes de sécurité sociale, l’activation des populations aptes au travail a été l’un des principaux mots d’ordre formulés par les organismes internationaux tels que la Commission européenne et l’OCDE. Le Luxembourg ne fait pas exception. Depuis l’énoncé des objectifs européens de Lisbonne (Conseil européen, 2000), le pays s’est engagé à accroître le taux d’emploi de sa population en âge de travailler. Si cette stratégie semble avoir porté ses fruits dans le cas des femmes, il semble en aller autrement pour ce qui concerne les plus âgés, le taux d’emploi des 55-64 ans demeurant l’un des plus faibles d’Europe (Haag, 2010 ; Leduc, 2010). Or, en raison des inquiétudes grandissantes à l’égard de l’avenir du système des retraites au Luxembourg, la question du recul de l’âge de la retraite pourrait bien être au cœur des débats publics des années à venir.