Dans ce document, nous sommes conscients du fait que de nombreuses parties sont déjà bien connues des initiés, c’est pourquoi nous attirons l’attention du lecteur sur les chapitres sur le regroupement familial, sur les salaires en comparaison avec l’éducation et sur la double immigration qui contiennent des éléments moins connus. Une double immigration est un phénomène récent mais de plus en plus répandu au niveau international, dû à des politiques sélectives pratiquées par de nombreux pays développés. Le Luxembourg connaît cette configuration depuis des décennies. Contrairement aux Etats membres voisins, le Luxembourg ne dispose pas seulement d’une part importante d’immigration hautement qualifiée, des « universitaires » et ici les nationalités frontalières, mais son secteur compétitif fonctionne avec un salariat qui est à 73 % étranger et est dirigé par des décideurs économiques étrangers. Ses derniers sont en provenance des pays du Nord du globe (Japon, USA, etc.), les « top nationalities ». Sur base de groupes de nationalités créés par nous nous présentons : d’un côté les salaires médians, qui font apparaître d’importants clivages entre ces « top nationalities »,les nationalités frontalières, les Luxembourgeois et les ouvriers immigrés et? de l’autre les niveaux d’éducation les plus élevés de ces mêmes groupes. Ceci fait apparaître :? des phénomènes bien connus comme des salaires modestes avec également des niveaux d’éducation modestes pour les immigrés ouvriers, ainsi que des phénomènes moins connus dans le contexte luxembourgeois comme les salaires élevés des nationaux sur base de niveaux d’éducation moyens, des salaires très élevés sur base de niveaux d’éducation très élevés des « top nationalities » et des salaires « modestes », (plus modestes que ceux des nationaux) sur base de niveaux d’éducation très élevés des nationalités frontalières, qui restent toutefois en-dessous des niveaux des « top nationalities ». Sur l’échelle UE, le Luxembourg se trouve en 1ère ou 2ème position ensemble avec l’Irlande. Quant à la secteur compétitif et l’apport non-négligeable des étrangers à celui-ci et aux richesses du pays, il faut se demander à quel point ces étrangers sont intéressés à avoir un impact politique. Ils sont exclus des élections nationales et, de facto, de l’administration publique. Par contre, le Luxembourg a particulièrement poussé la consultation des partenaires sociaux au point de l’institutionnaliser et d’intégrer les organisations syndicales et patronales aux structures de décisions étatiques au point de détourner, pour ainsi dire, la voie parlementaire. HIRSCH (2003) parle de « l’accommodation au sommet, un des moyens privilégiés » de petits Etats pour rester compétitif face à l’internationalisation croissante de l’économie. Vu l’impact des décisions tripartites, une intervention des décideurs économiques, à ce niveau, est peut-être plus concluante qu’une participation aux élections législatives. Ceci pourrait, en outre, avoir pour effet de garder les apparences d’un fonctionnement « national » persistent. Cette participation politique ne concerne toutefois que les décideurs économiques. Avec la future loi « double nationalité », la participation politique, l’accès à la fonction publique changeront. Les effets ne seront peut-être pas trop importants dans la mesure où l’économie et la société luxembourgeoise sont probablement déjà plus globalisées que les apparences ne pourraient le laisser croire.
Les étrangers et le marché de l’emploi
Politiques migratoires et immigrations
Suggested Citation
Hartmann-Hirsch, C. (2007). Les étrangers et le marché de l’emploi: Politiques migratoires et immigrations. Panel socio-économique “Liewen zu Lëtzebuerg” (Cahier PSELL Nr. 157). Differdange. Centre d’études de populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques (CEPS/INSTEAD).